- Introduction
Lorsqu’un enfant en âge de scolarité demande le baptême par le biais de ses parents, ou directement, au lieu de viser d’abord la date de la célébration, nous l’accompagnions étape par étape vers sa naissance en Christ ? Lançons-nous dans une toute nouvelle perspective.
- Les étapes de l’initiation chrétienne
Pour faire un homme, mon Dieu que c’est long ! Pour mettre au monde un homme, il y a quatre temps et quatre étapes à franchir : la fécondation, la gestation, la naissance, mais pour permettre à un nouveau-né de devenir un adulte, homme ou femme, il sera nécessaire de l’accompagner tout au long de son enfance et de sa croissance vers l’âge adulte ; pour faire un homme, il faut au minimum 25 ans !
Il en est de même de l’initiation chrétienne : pour mettre au monde un enfant de Dieu, un long cheminement est nécessaire, parallèle à celui de la naissance d’un enfant d’homme. Il y a d’abord trois temps : un temps de fécondation, un temps de gestation dans le sein de la Mère Église puis le temps de la naissance par les trois sacrements de l’initiation chrétienne. Mais tout n’est pas fini ; jamais une maman n’abandonnera son nouveau-né, jamais aussi la Mère Église n’abandonnera un de ses enfants, elle sera alors auprès de lui Mère et Éducatrice, une mission bien souvent oubliée aujourd’hui.
Il est nécessaire que nous retrouvions avec les enfants en âge scolaire qui demandent à devenir chrétien ce cheminement nécessaire à son enfantement à la vie en Christ et en Église. Nous devons arrêter de parler de demande de baptême de leur part, car le baptême n’est qu’une partie de l’initiation chrétienne, une partie indissociable des autres sacrements de l’initiation, fruits d’un lent travail dans le sein de la Mère Église. Nous devons aussi arrêter de parler immédiatement de date de baptême, il arrivera en son temps.
Regardons maintenant les trois temps de l’initiation chrétienne des enfants en âge scolaire.
1. La fécondation
Dans les Actes des Apôtres, au matin de la Pentecôte, rempli de l’Esprit Saint, Pierre entouré des apôtres prend la parole et annonce à la foule rassemblée la bonne nouvelle du salut et de la vie en Christ. Au terme de son enseignement, les Actes nous disent : « d’entendre cela, les auditeurs eurent le cœur transpercé ». La Parole de Dieu a agi dans leur cœur, ils ne sont plus les mêmes et, de fait, ils demandent immédiatement à Pierre et aux autres : « Frères, que devons-nous faire ? » C’est-à-dire : « Que devons-nous faire pour vivre en chrétien, en disciple de Jésus ? »
1a. La période du pré-catéchuménat
Nous avons là les éléments essentiels du premier temps de l’initiation chrétienne, le temps de la fécondation. Ce temps comporte une première annonce de Jésus Christ à partir de la Parole de Dieu pour permettre à l’Esprit Saint de venir toucher le cœur des enfants et susciter en eux une conversion initiale. La durée de cette première annonce ne peut être définie, mais l’expérience montre comment, dès que le cœur des enfants a été touché, ils viennent vous demander : « Qu’est-ce que je dois faire pour vivre en chrétien ? » Quels que soient les mots employés pour formuler cette dernière question, dès qu’elle est formulée, nous pouvons entrer dans le deuxième temps de l’initiation chrétienne, un temps qui sera précédé d’une célébration en Église d’entrée en catéchuménat.
1b. L’entrée en catéchuménat
Là, nous avons un changement de mentalité à opérer : par son entrée en catéchuménat, un enfant devient un chrétien, même s’il devra encore cheminer pour devenir un fidèle par les sacrements de l’initiation chrétienne.
Cette première étape doit être valorisée et donner lieu à une fête dans la communauté chrétienne, celle d’accueillir un nouveau frère ou une nouvelle sœur.
La Mère Église a désormais pour mission de porter en son sein un nouvel enfant.
2. La gestation
2a. La période du catéchuménat
La Mère Église forme progressivement le catéchumène à la vie en Christ et à la vie en Église. L’enfant doit alors découvrir tous les liens qui l’unissent au Christ, apprendre à les déployer dans sa vie quotidienne en vivant une authentique conversion, un changement de vie. Il lui faut expérimenter une vie nouvelle dans l’amour à la manière de Jésus. Parallèlement, il va apprendre la manière de vivre dans la famille des chrétiens.
Tout cela demandera du temps et il est difficile de définir à l’avance la durée de cette gestation, un an ou deux ans. L’important pour l’Église est d’être à la hauteur de sa mission en entourant les catéchumènes de tous les soins nécessaires et de commencer sa mission de Mère et d’Éducatrice. Elle doit accompagner le catéchumène et marcher à son rythme.
Il paraît indispensable de trouver une famille chrétienne qui a un enfant du même âge et qui acceptera d’être auprès du jeune catéchumène le garant de son cheminement en Christ et en Église. Ce nom de garant correspond pleinement à ce qu’était à l’origine la mission du parrain. Il pourra ainsi apprendre à vivre au rythme de la famille des chrétiens, il participera à l’eucharistie et pourra recevoir l’aide nécessaire tout au long de son cheminement.
Le catéchumène pourra ainsi être accompagné par un jeune avec qui il vit quotidiennement, il pourra partager sa vie scolaire, sportive… et, bien sûr, paroissiale.
Ce temps de gestation pourra être ponctué d’étapes vécues avec la communauté paroissiale pour marquer le cheminement du catéchumène.
Quand le curé estime, avec ceux qui accompagnent le catéchumène, que celui-ci a appris à vivre à la manière des chrétiens, à se laisser conduire par l’Esprit Saint, alors il est temps de vivre pour lui une nouvelle étape de ce cheminement de l’initiation chrétienne.
2b. L’appel décisif
Le curé prévient le délégué épiscopal à l’initiation chrétienne qu’il a dans sa paroisse un jeune catéchumène qui pourra recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne à la prochaine Pâque.
Une rencontre par doyenné sera organisée pour permettre aux catéchumènes de rencontrer le vicaire général afin de se préparer à ce passage.
Enfin, le premier dimanche de Carême, les catéchumènes se rassemblent pour une messe solennelle durant laquelle ils vivront l’appel décisif de l’Église en vue de leur initiation chrétienne durant le temps de Pâque. Eux-mêmes inscriront leur nom sur le registre de ceux qui recevront les trois sacrements de l’initiation, le baptême, la confirmation et la première communion durant le temps pascal.
En participant à l’appel décisif, le curé de leur paroisse reçoit les pouvoirs de leur donner lui-même ces trois sacrements à Pâques.
2c. L’ultime préparation
Les semaines de carême seront l’occasion pour le catéchumène de vivre un dernier temps fort de préparation à cette nouvelle naissance qu’il vivra durant la Pâque.
Des scrutins marqueront ce temps privilégié pour être prêt à accueillir le Christ par le baptême et la confirmation et à s’unir pleinement à Lui dans l’eucharistie pour pouvoir dire avec tous les chrétiens : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20).
3. La naissance
Le temps est venu de vivre une nouvelle naissance par le baptême, la confirmation et la première communion
Il serait souhaitable que le catéchumène reçoive simultanément les trois sacrements de l’initiation chrétienne pour permettre à la communauté et à tous ceux avec qui il aura cheminé de découvrir et de vivre la complémentarité de ces trois sacrements et l’importance de les recevoir ensemble.
L’Église dans sa sagesse demande à ce que les trois sacrements soient vécus ensemble pour signifier comment :
- Le baptême nous donne de naître à la vie divine, nous devenons enfant de Dieu ;
- La confirmation met en place en nous tout ce qui permettra à l’Esprit Saint de venir à notre secours - quand et comme il le voudra - pour nous permettre de dépasser nos limites humaines et de vivre en Christ ;
- L’eucharistie vient nous donner de nous unir pleinement à Jésus.
De telles célébrations sont toujours des temps forts pour nos paroisses.
4. La croissance : l’accompagnement des nouveaux baptisés, l’Église Mère et Éducatrice
Tout ne s’arrête pas avec les sacrements de l’initiation chrétienne, un nouveau baptisé est encore un nouveau-né qui a besoin de beaucoup de soins. Jamais une mère n’abandonnerait son enfant à sa naissance. Or, trop souvent c’est ce que vivent les nouveaux baptisés. Les vacances arrivent et, livrés à eux-mêmes, ils n’alimentent plus leur vie en Christ et celle-ci perd de sa vitalité, et souvent s’éteint très vite. Quelle responsabilité pour la Mère Église !
Les paroisses devront vraiment réfléchir sur l’accompagnement des nouveaux baptisés de Pâques durant au minimum la première année de leur vie en Christ et en Église.
Une catéchèse mystagogique doit reprendre les étapes de leur initiation pour leur permettre d’entrer plus profondément dans la richesse de ces dons de Dieu. De même, les garants doivent continuer à entourer de soins les néophytes pour leur permettre de faire leurs premiers pas et de grandir dans leur vie en Christ.
- La structure de l’initiation chrétienne des enfants en âge de scolarité
En résumé, ce tableau qui vous permet de retrouver ce cheminement d’un enfant en âge scolaire vers sa naissance en Christ et en Église par les trois sacrements de l’initiation chrétienne.
Mgr Jean-Pierre Cattenoz
et P. Yannick Ferraro