Je commencerai tout d’abord par citer Saint Augustin : « pour vous je suis évêque, avec vous je suis baptisé ». Qu’il en soit de même pour vous les catéchistes : « pour vous je suis catéchiste, avec je suis baptisé » : aujourd’hui nous sommes tous des baptisés. Voilà l’important. Nous devons tous reconnaitre que nous sommes des pécheurs et que nous avons besoin de nous convertir. Le seul désir que j’ai pour vous aujourd’hui : que vous vous convertissiez. Mais nous avons beaucoup de mal à nous en rendre compte.
Le vieux Saint Jean avant de mourir se retourne en arrière, et que dit-il : "Dieu est amour" (1 Jn 4, 8.16). Le cœur de la théologie que Saint Jean : « Dieu est amour ». Il va alors chercher à creuser. Quel amour ? Un amour créateur tout d’abord qui se heurte au pêché de l’homme. Et qu’entraîne le pêché dans le cœur de Dieu ? L’amour de création devient amour de miséricorde. En Dieu, la seule trace que l’on trouve devant le pêché : une surabondance de miséricorde. Toute la Bible en témoigne et Jésus Christ l’incarne totalement.
L’homme face au péché se cache, Dieu le cherche : « où es-tu ? ». Son amour est bouleversé et devient un amour de miséricorde. La racine même dans les Evangiles en grec : miséricorde se dit Έλεος, éléos. La réaction des entrailles maternelles quand il arrive quelque chose devant un danger terrible.
Dieu est bouleversé devant la misère de l’homme. Quand Dieu va former son peuple, il choisit un peuple esclave, ce n’est pas un hasard. Nous sommes tous enfermés dans un esclavage terrible.
Moise grandit dans les plus belles universités égyptiennes, après avoir été sauve des eaux. Il veut se donner une mission de libérateur. Mais pris de peur, il part 40 ans dans le désert. Il nous faut laisser Dieu travailler notre cœur. Il nous faut prendre de vrais temps de désert. Arriver à prendre un temps de désert partout où je suis. J’ai eu la joie de passer 40 jours dans le désert, retiré dans un ermitage ; au bout de 2 jours tous les démons reviennent. Dieu apparaît à Moïse comme un feu d’amour qui ne consume pas. Quelle est sa première parole ? « Moïse, Moïse » et il répond « me voici ». Etes-vous a l’écoute ? Dieu nous appelle. Sommes nous disponibles ? Les mères de familles : nous avons plein de choses à faire. Dieu continue :« J’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu ses cris et je suis descendu pour l’en libérer »… (Ex 3). On a vraiment l’impression que pour beaucoup de chrétiens, Dieu est sourd muet et impuissant. Dieu agit.
Avec le prophète Osée Dieu va agir d’une manière un peu bizarre. L’histoire de Dieu et de son peuple est l’histoire d’un amour constamment bafoué. Dieu est dans ce registre-là. Alors que nous ne nous arrêtons pas de nous nous prostituer : tous les Baal du monde : l’argent, la voiture, la beauté, les vacances ; les supermarchés fin août ; les enfants et les mamans ; on veut briller. On a des idoles en pagaille. Presque 2 couples sur 3 divorcent dans les 3 ans qui suivent le mariage. Lui est d’un amour fidèle et nous sommes en permanence en train de nous prostituer : c’est valable pour tout le monde. Je me souviens avoir rencontré une soeur religieuse de 50 ans qui disait : « Dieu ca ne me dit plus rien, je reste car je ne sais pas où aller… »
« Pour nous les hommes et pour notre salut, Il descendit du ciel ». Avons-nous conscience que nous sommes tous des morts en sursis ?… Avons-nous conscience du sens de la vie ? Témoignons-nous d’autre chose que du paraître ? Au Liban c’est frappant : tout est dans le paraître…
« Et vous, vous étiez des morts, par suite des fautes et des péchés qui marquaient autrefois votre conduite, soumise aux forces mauvaises de ce monde, au prince du mal qui s’interpose entre le ciel et nous, et dont le souffle est maintenant à l’œuvre en ceux qui désobéissent à Dieu. Et nous aussi, nous étions tous de ceux-là, quand nous vivions suivant les convoitises de notre chair, cédant aux caprices de la chair et des pensées, nous qui étions, de par nous-mêmes, voués à la colère comme tous les autres. Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés ». (Eph, 1-3)
Prenons quelques minutes pour aller jusqu’au pied de la croix. Au présent « Nous qui sommes morts, morts à cause de nos péchés, il nous donne la vie dans le Christ ».
Le péché réalise ce qui est arrivé au Pont d’Avignon : le péché est ce qui nous coupe de Dieu. pourquoi le Pont d’Avignon s’est-il écroulé ? Une année, il y a eu une énorme crue et les pieux qui protégeait les piliers des troncs d’arbres qui descendaient à toute vitesse en cas de crue n’avaient pas été renouvelés pendant plusieurs années par paresse. Nous sommes exactement dans cette situation. La médiocrité qui nous entoure nous touche, si par négligence nous n’agissons pas attachés à Christ. On est en train de mourir et nous n’en n’avons absolument pas conscience. Il faut qu’on en arrive a saint Paul qui s’exclame « Malheureux homme que je suis, je ne fais pas le bien que je veux mais le mal que je ne veux pas » !
Après 30 ans de confessions : les péchés sont tous les mêmes mais le pécheur non. Si on a une grande tâche, la nuit ce n’est rien, si nous allons en plein jour c’est beaucoup plus grave. Chaque fois qu’on s’approche du Christ c’est beaucoup plus grave. Dans saint Matthieu : « Soyez parfait comme votre père est parfait » ! Que faire ? Rendre son tablier ? Juste après nous avons un épisode de guérisons : « Seigneur au secours nous périssons ». « C’est lui qui a pris nos infirmités… »Avec qui Jésus a-t-il pris son premier repas : les publicains et les pécheurs ! Comment, il mange avec ces gens-là ! Juste après : « allez donc apprendre ce que signifie : je suis venu appeler les justes et non les pécheurs » (Mt 9,13). Quand j’étais à Marseille avec le cardinal Roger Etchegaray, nous sommes allés déjeuner avec 12 prostituées et la mère maquerelle dans un hôtel de passe « Jésus vous aime Mesdames, oh il sait bien que ce que vous faites n’est pas brillant, mais il vous aime » disait-il avec son accent rocailleux du pays basque. Elles pleuraient tout le repas.
Âpres les miracles sur le Mont Carmel contre les Baals et la reine Jézabel, Elie s’enfuit et dit « je ne suis pas meilleur que les autres ». Mais bien sûr qu’il est meilleur.
Comment peut-on être sûr de la miséricorde de Dieu ? Il est mort sur la croix ! Qui est mort sur la croix ? Il faut bien le comprendre : le Fils de Dieu est venu partager notre aventure humaine, mais il est n’est pas une personne humaine. L’unique personne du Christ avec une nature humaine. C’est la personne divine qui est morte sur la croix. Poursuit-on quelqu’un qui est mort ? Si le Christ a pris sur lui tous nos péchés et nos infirmités, tous nos péchés et infirmités sont terminés, nous sommes libérés de tout. Mais pour cela nous devons vivre en Christ. Saint Paul cherche à inventer tous les mots qu’il peut pour montrer l’amour de Dieu (très facile en grec : avec les suffixes et les préfixes), c’est impressionnant dans la Bible.
Comment puis-je être sur que mes péchés d’aujourd’hui sont pardonnés ? L’acte qui s’est produit il y a 2000 ans est un acte divin qui transcende l’histoire ! Lorsque nos frères juifs célèbrent la Pâque : un enfant dit « pourquoi cette nuit est différente de toutes les autres nuits ? » le papa répond « aujourd’hui le Saint, béni-soit-il, nous délivre ». L’acte d’il y a 2000 ans est divin, transcende l’histoire, il est actuel, aujourd’hui. Le sacrifice eucharistique ne fait pas ombre avec celui de la croix.
Lorsque Pierre voit qu’on arrête Jésus il sort son épée, et quand Jésus Christ devient une loque humaine, il dit : je ne le connais pas - et il a raison car cet homme-là, il ne le connaît pas. Nous sommes tous dans le même panier, un panier de crabes. La véritable joie de l’Evangile, on ne la découvre qu’au pied de la croix, où Dieu nous a pardonnés. Nous sommes alors plus proches de la Croix que les soldats romains eux-mêmes.
De quoi avons besoin d’être sauvé ? On en est arrivé à une situation où nous sommes tous des aveugles. Beaucoup disent dans le Christianisme on insiste trop pour dire que nous sommes des pécheurs ; mais c’est cela la source de la joie véritable ! Le sacrement de la confession est fondamental pour toucher la miséricorde de Dieu : qu’on le redécouvre pendant l’année de la miséricorde.
Tout le monde doit avoir le livre du Pape : le Visage de la miséricorde. A lire absolument.
Philippe dit : « montre-nous le Père, cela nous suffit », Jésus répond « qui m’a vu a vu le Père ». La miséricorde divine : voir Jésus. On a transformé la foi chrétienne en une morale. Valable pour tous les catéchistes. Tout se joue dans la vie en Christ.
"Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde." (Mt 28, 18-20) : apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé : le catéchisme. Si je ne vis pas en Christ, les enfants ne vivrons pas en Christ aussi.
Regardez la multiplication des pains : « il en fut bouleversé » (au plus profond de ses entrailles…). Il part à la recherche de la brebis perdue. La miséricorde est loi fondamentale… La miséricorde est le chemin qui unit Dieu à l’homme malgré les limites de nos péchés. Si nous croyons qu’en nous retroussant nos manches nous allons y arriver… Le publicain qui reste au fond du temple et n’ose s’avancer. Le Pape nous dit : qu’il y a des moments favorables… Que le témoignage des croyants soit plus fort et plus efficace.
Début de la lettre de St Paul aux Ephésiens : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé. En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. » (3-9)
L’année sainte s’ouvrira le 8 décembre, le 8 car Marie est l’icône de la miséricorde. Le Magnificat.
Le 8 décembre, dit le Pape, j’ouvrirai la porte Sainte. Le 3e dimanche de l’Avent la porte sainte de la cathédrale du Latran. Ce même jour dans les cathédrales, sanctuaires… du monde entier (au choix des évêques) on va ouvrir une porte de la miséricorde.
Paroisse signifie en grec : « la maison de l’étranger » ou des gens de passage. Or aujourd’hui c’est celle qui est au centre du village et surtout qu’elle ne s’ouvre pas ! Le pèlerinage est une démarche fondamentale. Nous avons tous besoin de retrouver une démarche de pèlerinage.
Chaque Eglise particulière est invitée à vivre cette année sainte comme un moment extraordinaire. Le jubilé sera célébré à Rome et dans toutes les Eglises particulières. A vivre dans le monde entier.
J’ai choisi la date du 8 décembre pour une autre raison, continue le Pape, : 8 décembre 1965, c’est la fin du Concile Vatican II. 50e anniversaire de la fin du Concile. Jacques Maritain avait donné le discours des intellectuels, impressionnant.
L’année se terminera le 20 novembre 2016 : solennité du Christ Roi : Evangile du crucifié : voilà le roi de l’univers. Nous confierons l’univers tout entier à la miséricorde. Le Pape explique très bien les grâces à recevoir du passage de la porte sainte : sens de la démarche de l’indulgence. Etre libérés de toutes les conséquences de notre péché, se remettre complètement dans le flot de la miséricorde.
Au numéro 6 : « La miséricorde est le propre de Dieu dont la toute-puissance consiste justement à faire miséricorde ». Ces paroles de saint Thomas d’Aquin montrent que la miséricorde n’est pas un signe de faiblesse, mais bien l’expression de la toute-puissance de Dieu . La toute puissance est de faire miséricorde. La puissance divine éclate dans la patience et la miséricorde divine Le pape cite ensuite toute une série de psaumes. Le 135 : "Eternel est sa miséricorde". Avant sa passion Jésus a prié ce psaume de la miséricorde, le “grand hallel”.
Le pape nous invite vraiment à regarder Jésus et à trouver en lui le vrai visage de la miséricorde du Père. Il nous faut regarder Jésus pour découvrir la profondeur de la miséricorde du Père. Face à la multitude : voyant qu’ils étaient épuisés, il éprouva une grande compassion pour eux, des brebis sans berger (Mt 9,36)…
Jésus est animé de cette compassion divine : la veuve Naïm qui emmenait son fils unique au tombeau, il éprouva une profonde compassion pour la douleur immense de cette mère en pleurs, et il lui redonna son fils, le ressuscitant de la mort (cf. Lc 7, 15). Après avoir libéré le possédé de Gerasa, il lui donna cette mission : « Annonce tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde » (Mc 5, 19). L’appel de Matthieu est lui aussi inscrit sur l’horizon de la miséricorde.
Le Pape nous invite aussi à nous arrêter sur les 3 Paraboles de la miséricorde, St Luc 15, la brebis perdue, la dragme perdue et le fils prodigue, Jésus saisit l’occasion d’être entouré de pécheurs (collecteurs d’impôts etc..) pour dire ces paraboles.
« Nous connaissons ces paraboles, trois en particulier : celle de la brebis égarée, celle de la pièce de monnaie perdue, et celle du père et des deux fils (cf. Lc 15, 1-32). Dans ces paraboles, Dieu est toujours présenté comme rempli de joie, surtout quand il pardonne. Nous y trouvons le noyau de l’Evangile et de notre foi, car la miséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit le coeur d’amour, et qui console en pardonnant. » (no9)
« C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel » : il faut qu’on retrouve cette joie devant un pécheur qui se convertit, réaliser que nous avons tous à nous convertir. Pour entrer dans cette miséricorde divine La parabole de la pièce retrouvée : là encore la même conclusion, la joie dans le ciel pour le pécheur qui se convertit.
Bref, voici une bulle à lire et à méditer tout au long de l’année qui arrive.