Le 25 mai 2014 déjà, le Pape François publiait son encyclique sociale tant attendue sur l’écologie. Les réactions à chaud se sont multipliées, pour ou contre ce prétendu « ralliement » de l’Eglise à la question écologique. On avait enfin un « pape vert », après l’avoir considéré bien rouge...
Depuis les initiatives dans l’Eglise se sont multipliées, de la « paroisse verte », aux monastères bio, sans parler des familles qui se convertissent à l’écologie, mais aussi les livres et les blogs, qui sont d’ailleurs bien souvent le fruit de ces expériences sur le terrain. Quel livre choisir ? Ils sont légion. Vous pouvez déjà vous faire une idée parmi ces quatre-ci.
D’abord concernant le Magistère de l’Eglise, il est bon de rappeler que si l’encyclique du pape François constitue bien une réponse à ce signe de temps qu’est la question écologique (suite à la COP 21 tenue à Paris, etc...), elle n’est pas le premier discours de l’Eglise en la matière. Loin de là. De Vatican II à Benoît XVI, et sa fameuse « écologie humaine », en passant par Jean-Paul II qui dénoncait les graves « structures de péchès » qui gouvernaient nos sociétés, les textes sont extrêmement nombreux et proprement remarquables. Le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise catholique y d’ailleurs consacre de longs et intéressants développements, quant au livre du frère Michelet, aux éditions Artège, il est là pour en témoigner (Les Papes et l’écologie, de Vatican II à Laudato Si’, 2016, 23,95 euros). Le Pape François n’initie donc pas un discours tant retardé, un vaste corpus magistériel le précède. Et ce, sans parler de textes merveilleux qui remontent pour certains à plus de mille ans, de Hildegarde de Bingen en passant par Saint François d’Assise, Jésus, chantant les lys des champs, ou encore le psalmiste : "Les Cieux proclament la gloire de Dieu et le firmament nous montrent l’oeuvre de ses mains" (du psaume 19).
Ensuite, il est bon de dire que plutôt que de signifier le ralliement de l’Eglise à l’écologie, cette encyclique tente d’abord et avant tout de rappeler Dieu à l’écologie, soit dit en d’autres termes d’évangéliser l’écologie. Car une écologie sans Dieu ne mènera qu’à la ruine de l’homme et de la planète toute entière. Il n’y a d’écologie véritable que celle trinitaire ne cesse de marteler le Pape dans Laudato Si’, selon son leitmotiv : « tout est lié ». De là, la nécessité de tous à la « conversion » à une « écologie intégrale ».
Pour la maison et la vie quotidienne, lisez Comment sauver la planète à domicile, l’art de vivre selon Ladauto Si’ d’Adeline et Alexis Voizard aux éditions de l’Emmanuel (148p., 2018, 13 euros). De la cuisine, au dressing, en passant par la salle de jeux et la chambre conjugale : autant de lieux où l’on peut vivre cette conversion écologique chrétienne, où il est bon de vivre cette sobriété pleine d’amour du Christ. Car sobriété ne rime pas avec avarice.
Laudato Si’ constitue donc un appel à un vivre un véritable humanisme chrétien. Selon les termes mêmes d’Henri Hude dans Habiter notre nature, écologie et humanisme (ed. Mame, 2018, 245 p., 20 euros), un livre qui élève le débat et se place au niveau de la philosophie. Il est en effet devenu urgent de répondre aux totalitarismes de la technique et de l’argent, qui emportent tout sur leur passage, par le rappel la dignité de chaque être humain. L’écologie et le progrès ne sont pas antinomiques, ni même l’autonomie et la liberté, explique l’auteur, dès lors qu’elles sont au service de l’Autre, de la philia, ou l’amour d’amitié. Ceci dit, "tant de choses sont à changer, si l’Homme veut sauver la Nature (...) une véritable révolution (...qui) serait d’abord culturelle« , et qui commencerait par »une redécouverte authentique de la loi naturelle" (Hude, p. 103).
Dans un tout autre style, Fabien Revol a publié sous sa direction Avec Laudato Si’ devenir acteur de l’écologie intégrale (ed. Peuple Libre, 2017, 255p., 18,5 euros). Bien commun, destination universelle des biens, conversion écologique, écologie intégrale... autant de concepts utilisés dans Laudato Si’ qui y sont expliqués et concrètement appliqués tant au niveau local qu’international. En effet, le texte foisonnant du Pape mérite qu’on s’y attarde. Et la dramatique destruction de la planète est bien en cours. Or, une grande partie de la situation actuelle s’explique par le fait que « l’intérêt économique (...) arrive à prévaloir sur le bien commun » (LS§.54).
Un principe de bien commun qui joue « un rôle central et unificateur dans l’éthique sociale », explique encore le pape François (LS§.156). Or, ce bien commun de la société implique aussi celui de la Création dans son ensemble, ce qui suppose en particulier le respect de la nature et la défense de l’environnement. Mais "tout est lié" aussi : « Le bien commun de la société n’est pas une fin en soi ; il n’a de valeur qu’en référence à la poursuite des fins dernières de la personne et au bien commun universel de la création tout entière » (Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, §.170).
Terminons sur ces mots, toujours du Pape François, mais tirés de sa première encyclique Lumen Fidéi "La foi fait comprendre la structuration des relations humaines, parce qu’elle en perçoit le fondement ultime et le destin définitif en Dieu, dans son amour, et elle éclaire ainsi l’art de l’édification, en devenant un service du bien commun. Oui, la foi est un bien pour tous, elle est un bien commun, sa lumière n’éclaire pas seulement l’intérieur de l’Église et ne sert pas seulement à construire une cité éternelle dans l’au-delà ; elle nous aide aussi à édifier nos sociétés, afin que nous marchions vers un avenir plein d’espérance » (§.51). Car, le seul et unique bien commun est Dieu conclurait Saint Thomas d’Aquin.