Avant tout, il faut vous recommander l’excellent petit ouvrage de Grégor Puppinck : La Famille, les droits de l’homme et la vie éternelle, éd. de L’Homme Nouveau, 2015, 90 p., 9 euros. Voici un livre très intelligent pour qui s’intéresse aux enjeux actuels qui déciment la société. En effet, les droits de l’homme, fondés sur une anthropologie naturelle ont rendu de grands services à la défense de la dignité humaine et de la famille ; mais ils ont été transformés en une véritable idéologie au service d’un individualisme forcené qui sape la société dans ses fondements mêmes. Ainsi, l’égalitarisme nihiliste ambiant associé au concept de non-discrimination impose-t-il dorénavant de tout accorder aux désirs de chacun, sans tenir compte d’autrui et spécialement des plus petits : les enfants, les handicapés, les personnes en fin de vie… La famille, l’idée même de vérité, de nature, de dignité inhérente à la personne humaine, etc. sont résolument bannis au profit de la liberté, de la »qualité de vie« , du »droit individuel à l’accomplissement de soi« , du gender, etc. Mieux vaut »l’arbitraire de la volonté que l’absurdité de la nature" (p. 45).
Ce constat établit, avec une grande clarté, l’auteur en excellent juriste (spécialiste de la Cour européenne des droits de l’homme), apporte la solution. Une seule : l’annonce de la vérité ! C’est-à-dire que les chrétiens doivent sortir à la lumière et ne plus avoir peur d’annoncer la bonne nouvelle de Jésus-Christ, unique Chemin pour sauver l’homme, la famille et le monde.
La Cour justifie ce nouveau droit au suicide assisté par la conception individuelle de la dignité : « A une époque où l’on assiste à une sophistication médicale croissante et à une augmentation de l’espérance de vie, de nombreuses personnes redoutent qu’on ne les force à se maintenir en vie jusqu’à un âge très avancé ou dans un état de grave délabrement physique ou mental aux antipodes de la perception aiguë qu’elles ont d’elles-mêmes et de leur identité personnelle » (aff. Pretty § 65).
Chacun est juge de sa dignité individualiste, laquelle n’est plus inhérente et absolue, mais subjective et relative, étroitement liée à la »qualité de vie« . La société lui doit le respect au même titre qu’à l’ancienne dignité ontologique inhérente à la personne humaine. Selon cette conception de la dignité, les raisons de vivre d’une personne lourdement handicapée, sans autonomie individuelle ni perspective d’épanouissement personnel, ne sont plus compréhensibles ; l’absurdité de l’existence individuelle est alors manifeste et insupportable pour soi-même et pour les proches. La mort volontaire est alors une échappatoire à cette absurdité et préserverait paradoxalement l’humanité de l’individu en maintenant la domination de la volonté humaine, même arbitraire, sur l’absurdité de la nature. Mieux vaudrait l’arbitraire de la nature que l’absurdité de la nature ». (pp ; 44-45).
Afin de connaître la vérité sur la famille, rien ne vaut le livre Méditation sur la famille, qui rassemble les plus beaux textes écrits d’abord par le cardinal Jorge Mario Bergolio ensuite par le Pape Francois (ed. bayard, 2014, 642 p., 22,90 euros).
Des concepts clairs, immédiats, directs, qui touchent les cœurs, réveillent les consciences assoupies, provoquent l’intelligence." (présentation, p. 8). En voici un exemple, par cet extrait, connu :
Je voudrais à présent mentionner au moins deux phases de la vie familiale : l’enfance et la vieillesse. les enfants et les personnes âgées représentent les deux pôles de la vie et aussi les plus vulnérables, souvent les plus oubliés. Quand je confesse un homme ou une femme mariés, jeunes, et que dans la confession on en vient à parler d’un fils ou d’une fille, je demande :« Mais combien d’enfants avez-vous ? » Et ils me le disent, peut-être en attendant une autre question après celle-ci. Mais moi je pose toujours cette deuxième question : « Et dites-moi, Monsieur ou Madame, est-ce que vous jouez avec vos enfants ? -Comment mon Père ? -Est-ce que vous perdez du temps avec vos enfants ? Est-ce que vous jouez avec vos enfants ? Mais non, vous savez, quand je sors de chez moi le matin -me dit l’homme- tout le monde dort encore et quand je reviens ils sont couchés. » La gratuité, cette gratuité du papa et de la maman avec leurs enfants, et aussi très importante : « perdre son temps » avec ses enfants, jouer avec ses enfants. Une société qui abandonne les enfants et qui exclut les personnes âgées coupe ses propres racines et assombrit son avenir. Et vous, réfléchissez-vous à ce que fait notre culture aujourd’hui ou pas ? Avec cette méthode. Chaque fois qu’un enfant est abandonné, on accomplit non seulement un acte d’injustice mais on enregistre aussi l’échec de cette société. prendre soin des petits et des personnes âgées est un choix de civilisation. Et c’est aussi l’avenir, car les petits, les enfants, les jeunes mèneront de l’avant cette société avec leur force, leur jeunesse, et les personnes âgées la mèneront de l’avant avec leur sagesse, leur mémoire, qu’elles doivent donner à nous tous" (23 10 2013, cité pp. 388-389).
Mais la famille c’est aussi le couple et parfois mieux vaut en rire…, sous le regard de Dieu ! Rien de tel alors que ce livre, enfin traduit en français : Marie-toi et sois soumise, pratique extrême pour femme ardentes !, de la journaliste Costanza Miriano (ed. Le Centurion, 215, 285 p., 15,90 euros).
Un livre qui a fait un véritable tabac en Italie, parce qu’il est très drôle et dit des choses tellement vraies (tire d’un chapitre :»le talent pour choisir Mister Wrong") et pourtant il n’est pas si facile à lire.
Au hasard :»…lorsqu’une femme se met en dessous, ce n’est pas pour être écrasée, mais pour soutenir : elle indique ainsi la route à l’homme et à toute la famille. La femme précède l’homme, lequel a besoin d’être accueilli. Avec une femme comme cela, loyale et non pas rivale, qui ne veut pas prendre le contrôle de la situation ni dominer, mais qui ne fais non plus la potiche, l’homme peut-être fécond. Et c’est ainsi que la simple idée d’avoir un enfant ne semble plus effrayante.
Aimer les premières mais aussi les dernières. Il nous incombe également de continuer à aimer et de garder le feu allumé à la maison. Une fidélité qui peut devenir indispensable dans les moments où l’amour -qui n’est pas seulement un sentiment, mais avant tout un commandement- requiert une décision forte et assumée.
Il faut une grande volonté, par exemple, pour ne pas tromper son mari quand on a été trompée. (Nota bene : la lecture de ce qui suite est absolument interdite à mon mari, et les nobles paroles qui suivent s’appliquent à tous les mariages sauf au mien). Même une femme trompée a la possibilité de défendre son amour en danger de mort : elle peut rester fidèle et continuer à aimer. C’est une terrible tempête mais ce n’est pas un naufrage." (pp.150-151).
Avec Saint Paul nous pourrions préciser :»Je peux tout en Celui qui me rend fort(e !)" (Ph 4, 13).
Pour notre plus grand plaisir la suite éditoriale ne se fait pas attendre grâce à Epouse-la et meurs pour elle, des hommes vrais pour des femmes sans peur ! (même auteur, même auteur, même année de parution, à peu prêt le même nombre de pages et même prix).
Bref deux excellents livres à ne pas hésiter à lire et à offrir !
Dans un style beaucoup plus sérieux mais non moins passionnant, offrez Dieu est-il périmé ? du Cardinal Philippe Barbarin (éd. de la Martinière, 2015, 395 p., 20 euros). Sous la forme de questions (de Jean-Maire Montali du Parisien) et réponses, le cardinal Barbarin se livre librement, profondément, qu’il s’agisse de la liberté, du pardon, de l’Eglise en crise ?, du mal, de la souffrance, de la famille…
Le pardon, c’est la logique du don qui se poursuit et multiplie envers et contre tout ce qui fait obstacle. (…) L’amour du Créateur est capable de renverser tous les obstacles. Rien ne peut tenir, rien ne peut résister. La belle promesse que Jésus fait à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle » (Mt 16, 18) peut être traduite de manière plus tonique encore : « Ne tiendra pas, ne résistera pas… ». On a l’impression que la force de l’amour de l’Eglise pourra être victorieuse de toutes les ténèbres, de toutes les horreurs, de tous les péchés. La Bible appelle cet amour la « miséricorde »(…). Tous les péchés mêmes les plus graves, disparaissent dans la force d’amour et la puissance de l’Esprit Saint. Mais celui qui refuse de laisser l’Esprit-Saint agir en lui, comment pourrait-il s’ouvrir au pardon ? C’est peut-être cela le « péché contre l’Esprit » (Mt 12,32). Non pas un péché spécial, mais tout simplement le refus de laisser l’Esprit Saint faire son œuvre en nous et de permettre à Dieu de nous pardonner. Alors là, il n’existe vraiment pas de solution". (p. 222 et p. 226).