David Meyer, Michel Remaud, Tareq Oubrou
Lessius

« Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». Ce souhait des anges à la Nativité semble n’avoir pas été entendu sur la Terre qui accueillit le Sauveur et dont les contradictions et les déchirures nourrissent l’actualité. Les impasses de la situation en Israël interrogent ce juif, ce chrétien et ce musulman, chacun occupant des fonctions importantes au service de sa foi ; aucun en effet ne peut rester insensible aux souffrances des populations ni aux aspirations des croyants ni au scandale pour le monde que représentent les violences perpétrées au nom d’une foi.

Moins concernés directement en apparence par le conflit israëlo-palestinien, les chrétiens sont appelés par Michel Remaud, prêtre docteur en théologie et enseignant à l’Institut Albert Decourtray à Jérusalem à prendre au sérieux leur parenté spirituelle avec le peuple juif pour travailler aussi à la réflexion au-delà des prises de position compassionnelles ou partisanes.

La lecture des propos de chacun se révèle très instructive, tout d’abord parce qu’elle permet une compréhension de la foi de chacun, peut-être même du ressenti spirituel. A ce titre par exemple, David Meyer, rabbin enseignant à l’université grégorienne pontificale de Rome, montre comment la possession de la Terre est de l’ordre du désir pour un peuple errant à qui Dieu donne naissance au désert et reliée à l’obéissance aux commandements. Plus loin, Tareq Oubrou, grand iman de Bordeaux, président d’honneur de l’association « les imans de France », rappelle que les musulmans ne sont pas appelés à résider sur le lieu du pèlerinage. On reste frappé alors de la convergence des attitudes de foi qui reposent sur le déplacement physique et intérieur.

Cette lecture offre ensuite des outils de distinction entre ce qui relève du contenu de la foi et ce qui relève de l’histoire ou des discours politiques. Les auteurs s’attachent à retracer l’histoire du peuple juif et du peuple musulman, ainsi que les pratiques du pouvoir qui s’en dégagent. Il en ressort la nécessité d’avoir recours à des concepts ou des pratiques extérieurs au corpus religieux. Un intéressant travail de séparation de la religion et de l’Etat qui ouvre des perspectives intéressantes tant pour la paix que pour la survie des peuples de la Terre Sainte.