Tout d’abord l’un des livres préférés des deux derniers papes : Le Maître de la terre, la crise des derniers temps de Robert-Hugh Benson (réed. Pierre Téqui, 420 p., 2015, 15 euros). Le Pape Benoit XVI écrit en effet "la lecture du Maître de la Terre fut pour moi un fait de grande importance« ; quant au Pape François : »Le Maître de la terre est une de mes lectures préférées (...) En le lisant vous comprendrez le drame de la colonisation idéologique". Véritable livre mystique, écrit en 1905 par un anglican converti au catholicisme, Ce roman d’aventure mais aussi d’anticipation est une fresque grandiose de la fin des temps et de la venue de l’Antéchrist. Un best-seller et un chef-d’œuvre ! Il faut absolument profiter de cette réédition opportune cet été.
Dans un tout autre genre : Callista du Cardinal John Henry Newman. Voici un roman historique dont l’action se situe cette fois au IIIe après Jésus-Christ au moment des grandes persécutions de Dèce. Il est probable que peu d’entre vous savent que le Cardinal Newman ait écrit deux œuvres romanesques dont celle-ci. Callista est un roman d’une très grande érudition (les latinistes se réjouiront), à la langue parfaitement ciselée, certaines scènes sont splendides (comme celle « Aux lions » de la foule qui se dresse contre les chrétiens) et l’apologie de la foi catholique ne cesse de transparaître (souvent de façon marquée par l’époque). Si certaines descriptions sont un peu longues et certains dialogues peu vraisemblables, Newman réussit à tenir le lecteur en haleine et les rebondissements ne manquent pas.
Pour l’auteur s’intéresser à l’histoire signifie surtout se tourner vers les premiers siècles et les premiers combats du christianisme ; et être chrétien c’est se donner sans réserve à Dieu, sans aucune compromission, comme l’illustre ce poème de son ami Aubrey de Vere qu’il cite en exergue : "Tu dois aimer ton Dieu et n’aimer que lui seul, Jamais alors ton cœur ne sera solitaire. Cet esprit supérieur et unique rassemble Tout ce qui est force, douceur et gravite. C’est en vain que l’âme s’efforce de s’unir A une autre créature de notre espèce ; C’est en vain que des cœurs s’attachent a des cœurs : Au tréfonds de chacun règne la solitude, Car une résistance impalpable maintient Les natures semblables pourtant éloignées. Tu dois, mortel, aimer ce Dieu unique et saint Ou bien choisir alors de rester toujours seul".
Un troisième livre dans un tout autre style encore, écrit par Michael D. O’Brien, Voyage vers Alpha du Centaure (ed. Salavtor, 2015, 763 p., 25 euros). Encore un anglophone mais cette fois c’est un canadien contemporain, père de famille nombreuse et auteur de nombreux romans.
Son plus célèbre ouvrage est bien sur le thriller Père Elijah, écrit neuf ans avant le Da Vinci Code, mais en beaucoup, beaucoup mieux ! Lui aussi paru aux éditions Salvator (2008), ce pavé raconte l’histoire d’un survivant de l’holocauste, David Schäfer, qui se convertit au catholicisme et prend le nom d’Elijah à son entrée dans l’Ordre du Carmel. Le pape charge Père Elijah d’une mission secrète particulièrement dangereuse : rencontrer l’Antéchrist, l’amener à se repentir et repousser la fin des temps. Une mission apocalyptique, gorgée de complots, à lire absolument pour qui ne l’a pas encore fait (malgré quelques longueurs).
Cette fois, dans Voyage vers Alpha du Centaure, O’Brien s’attache à un nouveau type de roman : la science fiction. L’histoire se situe à la fin de l’an 2000. Là encore, de façon discrète mais déterminée il ne cesse de défendre et promouvoir la foi chrétienne. Sous la forme de journal tenu par un grand savant humaniste, fort sympathique malgré un aspect farouche, l’auteur approfondit les liens étroits et dangereux entre l’homme et la technique, liens qui conduisent à une idéologie totalitaire. Difficile d’être libre sans foi. Un beau livre pour qui aime ce style !
Pour finir un véritable chef d’œuvre d’un italien : Le cheval rouge d’Eugenio Corti. Un chef d’œuvre romanesque a lire absolument pour qui aime l’histoire récente et les paves de plus de mille pages ! Il raconte l’histoire, largement autobiographique, d’une famille de frères, les Riva, du début de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au référendum sur le divorce en 1974. Spectaculaire fresque historique, terriblement bien documentée (il mit dix ans a écrire son livre) loin de tout manichéisme, par un homme profondément catholique, épris de son pays et de sa langue. A retenir, notamment, ses terrifiantes descriptions du front russe ! Il faut avoir le cœur bien accroche pour lire certaines pages. Ses personnages sont aussi extrêmement attachants, sa langue merveilleuse. Il devient alors passionnant pour un français de découvrir cette guerre d’un cote que l’on connaît peu, et de découvrir aussi les années de reconstruction de l’Italie, qui faillit tomber derrière de rideau de fer.
Il est dit qu’Eugenio Corti (mort en janvier 2014) aurait du remporter le prix Nobel pour ce livre, ce ne fut pas le cas parce que l’auteur était catholique. Il aura reçu sa récompense au Ciel... Bref, de ce vaste roman épique le théologien thomiste italien, Cornelio Fabbro, l’a qualifie d’« épopée de la foi », expliquant qu’il s’agit là « de la transfiguration chrétienne des laideurs et des souffrances indicibles qui ont marqué la dernière guerre européenne. »