Lire la vie des saints, c’est en effet confesser que le christianisme n’est pas une doctrine abstraite, que Dieu n’est pas quelqu’un d’inaccessible, tout au contraire. Leurs vies nous garantissent qu’il est possible de vivre pleinement la foi, qu’il est possible d’allumer le feu sur la terre ! Ainsi, les saints nous incitent-t-ils toujours à poursuivre le beau combat de la foi.
"L’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur rang et leur état " (LG 40). Tous sont appelés à la sainteté : "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5, 48)" (CEC n°2013).
Evidemment, les premières vies de saints à conseiller, aux lecteurs de 7 à 77 ans, sont celles, très classiques mais tellement édifiantes, réunies dans la collection Belles histoires, belles vies (Editions Fleurus, 7€50 l’exemplaire). Toutes illustrent combien, au milieu des vicissitudes de la vie, "Dieu seul rassasie" (S. Thomas d’Aquin, symb. 1).
Pour ceux qui ne la connaissent pas, nous recommandons aussi vivement à nos jeunes lecteurs (préados et adolescents), la collection Les Sentinelles des éditions Tequi. Voilà de quoi bien nourrir leurs vacances d’été. Avec déjà presque 26 livres publiés, cet ensemble de beaux récits de saints et de héros illustrera joyeusement et hardiment à nos jeunes "le chemin du Ciel".
Au terme de notre année sacerdotale, comment en effet ne pas commencer par recommander Le chemin du Ciel d’Odile Haumonté (2007, 128 pages, 9€). "J’abandonne, c’est trop dur. Je ne serai jamais prêtre." Jean-Marie Vianney marche, la tête basse et le cœur lourd, il porte un lourd fardeau : il vient d’être renvoyé du séminaire.
Mais heureusement, les chemins de Dieu ne sont pas les chemins des hommes... Le curé d’Ars connu pour son tempérament vif et impérieux deviendra peu à peu pour tous un modèle de patience et d’humilité, mais aussi d’humour. "Un jour, une pétition dirigée contre lui arrive jusqu’au presbytère. Après une réaction de tristesse qui renforça son sentiment d’indignité, son humilité repris le dessus et, non sans humour, il signa lui-même la pétition et l’envoya lui-même à l’évêque !" (p. 103). Son secret ? La prière.
Toujours dans la collection Les Sentinelles, un autre de ces beaux livres à conseiller est celui que le Père Ludovic Lecuru a consacré à l’Abbé Franz Stock, sentinelle de la Paix (2003, 153 pages, 9€).
Né en Allemagne en 1904, Franz grandit au sein d’une famille catholique à la foi profonde, il est l’aîné de neuf enfants. Il entre au séminaire en 1925 et fait une partie de ses études à Paris. Ordonné prêtre en Allemagne en 1932, il retourne à Paris pendant de l’occupation allemande. Il exerce alors son ministère auprès des prisonniers de Fresnes, de la Santé, etc. Commence alors une extraordinaire vie au service de l’amour de Dieu et du prochain. Il assistera à des milliers exécutions, notamment à celles de Bonsergent, d’Estienne d’Orves et des ses compagnons (leur mort sera exemplaire). A travers la vie de ce prêtre, véritable "autre Christ", nos jeunes auront une vision de la Deuxième guerre mondiale plus profonde et moins manichéenne que celle offerte par leurs livres d’histoire.
Pour les plus grands, voici un autre ouvrage à lire retraçant la vie d’une bienheureuse dont la vie est un bel hymne à la vie d’épouse et de mère : Anna-Maria Taïgi (Albert Bessières, ed. Résiac, réed. 2009, 225 pages, 13€). Si la couverture est un peu désuète et parait bigote, le contenu du livre ne l’est pas et fourmille de milles détails sur la vie quotidienne de cette sainte femme, mère de famille nombreuse.
Née à Sienne d’un père pharmacien ruiné, qui s’installe à Rome, elle se loue comme domestique, avant d’épouser Dominico Taïgi, lui-aussi domestique au palais Chigi. Ce brave homme est pieux mais aussi bourru et très coléreux. Elle va aimer avec beaucoup de patience et d’obéissance son mari, sans jamais regretter de l’avoir épousé. Illustrant ainsi parfaitement ces dires du Pape Pie IX : "Il n'est pas vrai que la diversité des caractères doive être un obstacle à l'union des époux. Rappelez-vous ce char, qu'a vu Ezéchiel, traîné par quatre animaux. La férocité du lion marchait d'accord avec la sagesse de l'homme, et l'agilité de l'aigle avec la lenteur du boeuf. Des natures si diverses ne faisaient aucun obstacle à la marche paisible de tous. Le char marchait régulièrement, parce qu'il était dirigé par un seul et même esprit, celui de Dieu. Faites-lui le généreux sacrifice de vos propres opinions ; Dieu alors inspirera vos conseils" (30 avril 1876, cité p. 41). De même, Anna-Maria soignera jusqu’à leur mort, ses parents, aigris et grincheux, avec amour.
Anna-Maria et Dominico auront sept enfants, dont trois mourront en bas âge. Mère attentive à leur éducation, femme d'intérieur au modeste logement, elle tient les comptes, coud jour et nuit (les vêtements de toute la maisonnée et pour travailler), dort peu et prie continuellement... Bref, rien ne semble la distinguer des autres mères de famille de son époque, si ce n’est son humeur enjouée et sereine. Et pourtant sa vie est un torrent de grâces mystiques : extases, visions, prescience. Dieu fait irruption, qu’elle soit dans sa cuisine ou en pleine lessive. Et cela déborde vers l’extérieur : guérisons, prophéties, lecture dans les cœurs. Sa maison ne désemplit pas, on vient de partout la consulter. Grand-mère, elle continuera à veiller sur sa famille avec gaieté, malgré la maladie et de terribles crises de doutes. Enfin le lien que l’auteur, le Père jésuite Albert Bessières, fait entre sa vie et Napoléon est fort intéressant.
Bien entendu, beaucoup d’autres livres relatant les vertus héroïques des saints seraient encore à recommander. Mais si le découragement devait nous prendre devant tant de grandeur, il nous suffira de relire l'extraordinaire Histoire d’une âme de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (aux éditions Poche, 5,50€ ; Presse de la renaissance, 18€, etc…) ; en particulier son merveilleux passage sur "la petite voie" :
"Vous le savez, ma Mère, j’ai toujours désiré être une sainte, mais hélas ! j’ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints, qu’il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants ; au lieu de me décourager, je me suis dit : Le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables, je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la sainteté ; me grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections ; mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle. Nous sommes dans un siècle d’inventions, maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur, objet de mon désir et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de la Sagesse Éternelle : « Si quelqu’un est tout petit qu’il vienne à moi ». Alors je suis venue, devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais et voulant savoir, ô mon Dieu ! ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! » (Isaïe 66, 13-12) Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. O mon Dieu, vous avez dépassé mon attente et moi je veux chanter vos miséricordes." (Histoire d’une âme).
En bref, puisque Jésus lui-même se charge de notre sainteté, à nous de le laisser faire, vraiment…