Transmettre la foi en famille !

6 février 2008

Du Père Ludovic Lécuru, Editions de l’Emmanuel, 2004, 213 p.

Nous ne saurions trop vous recommander la lecture de cet excellent ouvrage !

Si l’on pouvait un seul reproche à ce livre, ce serait de ne consacrer que sa troisième et dernière partie au cœur même de son propos, c’est-à-dire à la transmission de la foi en famille. Il n’en demeure pas moins que l’ouvrage, dans son ensemble, est excellent, extrêmement riche et complet : de l’explication de la crise de la société moderne à la fonction fondamentale et extraordinaire de la famille au cœur de celle-ci, en particulier en matière de transmission. En voici un court extrait, choisit parce qu’il concerne directement les catéchistes, mais il ne faudrait surtout pas y limiter l’essentiel du propos du livre :

La pédagogie destinée à la catéchèse a beaucoup évolué ces dernières années. En dépit des efforts réels et féconds réalisés par beaucoup de prêtres et de catéchistes en vue de s’adresser à un public peu éduqué à la vie chrétienne dans la famille, on peut se demander si, dans une certaine mesure, cette pédagogie ne s’est pas alignée sur celle dite d’éveil du monde scolaire, laquelle laisse l’enfant apprendre tout seul. Or, comment ce dernier peut-il induire, pour reprendre les termes de Saint Paul, que “le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, qu’il est apparu à Pierre puis aux Douze” (1 Co 15, 3-5) ? Au lieu de transmettre les grandes pages de l’histoire du salut et de l’Evangile, d’initier à la vie de prière et liturgique, l’option a souvent porté sur une approche thématique du message, partant de l’expérience individuelle. En préférant un catéchisme où l’enfant dessine, découpe et s’exprime avant d’écouter et de recevoir, on a oublié le contenu essentiel du kérygme. Force est de constater que le catéchisme s’est souvent réduit à n’être qu’un lieu d’évocation et de suggestion. L’harmonie entre la Parole de Dieu, conversion, vie sacramentelle et ecclésiale s’est trouvée désarticulée au profit d’une ambiance qui s’est voulue ludique et plaisante. Les parcours catéchétique, soumis comme d’autres ouvrages au marché de l’édition, ont placé l’enfant au centre de la catéchèse, et non plus le Christ. Pourtant, celui-ci est catégorique lorsqu’il dit à ses apôtres : “Laissez venir à moi les petits enfants” (Mc 10, 14).


Le mélange d’enfants de niveaux différents peut, lui aussi, entraîner des dommages dans la transmission de la foi. Il arrive que, dans un même groupe, soient réunis des enfants dont certains n’ont guère entendu parler de Dieu tandis que d’autres ont déjà reçu un “enseignement religieux appliqué”, prière comprise. Là, comme au collège unique, les meilleurs s’y ennuient. Une telle hétérogénéité a le mérite d’enrichir l’expérience de l’enfant d’une communauté ecclésiale constituée de chrétiens, hommes et femmes, forts différents. Mais elle ne doit pas sous-estimer l’adaptation pédagogique. Référons-nous au livre d’Ezéchiel : si Dieu promet de soigner les “brebis chétives et sans pasteurs”, il s’engage en outre à veiller sur “celles qui sont grasses et bien portantes” (Ez 34, 16). D’un point de vue pédagogique, il est aussi décisif de transmettre la foi à des enfants qui ont peu de références religieuses qu’à ceux qui, au même age, en ont acquis beaucoup.”

(Père Ludovic Lécuru, Transmettre la foi en famille, ed. de l’Emmanuel, 2004, pp. 128-129).